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CAFE-PHILO de PAU
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9 juillet 2010

Sur le CAFE du 8 juillet

Le sujet était : "Comment combattre les passions tristes"?

Deux préalables : On suppose l'existence de passions tristes comme allant de soi

                        on suppose que le combat est l'attitude adaptée au problème.

Il est bien évident qu'il fallait pointer ces deux présupposés pour en interroger l'éventuel bien-fondé, ou les rejeter.

Avant d'examiner la validité supposée de cette attitude polémique à l'égard des  passions, il importe de définir "passions" et "passions tristes".

Passion : le contraire de l'action (Descartes). De "patior" souffrir, supporter, endurer - passif, passivité. Voire aussi le grec : pathos, qui donne pathologie. La conception ancienne, notamment stoïcienne, met l'accent su le côté passif de la passion : dépendance à un ou des objets élus comme exclusifs, fixation mentale, cristallisation du désir, obsession récurrente et incompréhensible, perte de contrôle du sujet etc.

Une conception plus tardive, romantique notamment, revalorise la passion en y découvrant un caractère dynamique, actif, en poésie, en politique etc.

Reste à voir si les deux éléments, actif et passif, ne se peuvent concevoir ensemble, comme deux modalités complémentaires, l'un basculant dans l'autre comme dans les alternances de gaîté et de tristesse, d'exaltation passionnelle et de chute : discours traditionnel sur l'amour, avec ses phases contrastées.

Mais l'essentiel est ailleurs : la passion est-elle l'expression d'une force active, ou la symptôme d'une déchirure, d'une blessure, qui se manifeste dans la liberté créatrice, ou dans la dépendance mentale?

D'où l'intérêt de distinguer des passions joyeuses et des passions tristes. Posons, avec Spinoza, que la passion joyeuse exprime un gain de puissance vitale, une énergie nouvelle et positive, une affirmation, et à l'inverse, la passion triste est celle qui affaiblit, enchaîne, aliène à l'objet ou à autrui ( ex : avarice, soumission, dépendance affective, crainte, culpabilité, fixation à l'argent, au sexe, additions diverses). Avec ce critère il est possible d'éviter un discours négatif a priori sur les passions, et de déplacer l'esprit du sujet vers la distinction entre actif et passif. La passion qui rend gai, qui donne la santé, qui renforce la puissance d'exister serait l'expression d'un désir authentique du sujet qui exprime librement son énergie, alors que la passion triste serait un symptôme de régression, de dépendance, d'aliénation.

La question de la passion étant précisée, on peut revenir à la problématique centrale : faut-il combattre les passions tristes, et si oui, comment?

Le groupe se demande si la lutte frontale est le meilleur moyen d'affaiblir les passions tristes. Est-il même possible de combattre une passion, quelle qu'elle soit? Quel est pouvoir de la raison, s'il est entendu que la passion est une sorte de dépossession de la raison? Exemples de lutte vaine : Tristan et Yseult, Anna Karénine, Nerval. Exemples valables ou pas? La littérature rend-elle compte des faits? Que nous dit la psychologie, et la psychopathologie?

Hume soutenait que la raison est impuissante face à la passion, car la raison peut connaître les rapports entre les faits, mais ne dispose pas d'énergie par soi. Seule une passion peut combattre une passion. La raison peut apprendre à faire jouer une passion contre une autre, dans un subtil jeu de déplacement des forces.

"Apprendre à biaiser" : jolie formule d'un des participants, qui dit bien la réalité des faits.

J'ajouterai à titre personnel que nous nous égarons dans les forêts passionnelles tant que nous n'avons pas trouvé notre propre désir fondamental. Que ces errements sont inévitables, voire nécessaires, bien que risqués, et qu'il faut une intelligence du coeur ( et des tripes) pour démêler le vrai du faux, l'essentiel de l'accessoire : errare humanum est.

Et cela permet en outre  de démystifier une certaine image idéalisée et irréaliste de la sagesse, version stoïcienne, qui place la barre trop haut, et sous prétexte de maîtrise transforme l'homme en pierre ou en dieu.

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Commentaires
G
Notre politique nationale s'enfonce dans le lamentable et l'indigne, et c'est étrange qu'elle ne soulève pas plus de protestation. En tout cas nous sommes quelques uns à mettre la résistance en acte avec les faibles moyens dont nous disposons. Mais la conscience critique est aussi une force, et si elle semble faible elle peut se fortifier dans le dialogue et le travail de pensée. - "Ultimi barbarorum". En face, la pensée libre. Continuons, cher ami!
G
C'est bien en quoi le militantisme politique trouve sa limite. Aussi, quand on en a les moyens intellectuels, et l'âme noble, vaut -il encore mieux se tourner vers une certaine forme de militance philosophique, étant entendu que l'un n'exclut pas l'autre.
M
Cher Tchoumi, merci pour cette intervention qui nécessite quelques petites précisions concernant mes commentaires précédents. <br /> Tout d’abord, est-il besoin de le dire, c’est à fort bon droit que tu soulignes quelques réalités inhérentes à ce que j’oserai appeler « l’imposture » du politique : comme celle par exemple de se présenter aux élections pour satisfaire un besoin effréné de reconnaissance et de répondre ainsi à la satisfaction des désirs et des intérêts strictement personnels. De ce point de vue là, aucune frontière ne distingue l’homme politique de l’acteur, du chanteur ou de l’homme de scène quelconque, même s’il faut bien convenir que nos édiles doivent aussi être des « bêtes de scènes » pour réussir des shows de campagne menés à l’américaine <br /> Là où le bât blesse, désolée mon cher Tchoumi, c’est qu’il m’est impossible d’adhérer à cet argumentaire qui consiste à justifier par la voie psychologique ou psychologisante le dévoiement du politique, car c’est précisément de cela dont il s’agit. Je ne suis pas tendre et refuse de l’être obstinément lorsque le contrat moral, social et politique est d’ores et déjà rompu, voire même corrompu à sa source entre les représentants et les représentés.<br /> Si cet état de fait est compréhensible et peut-être dit légitime, pourquoi ne restons-nous pas alors à l’état de nature, c’est du pareil au même : les désirs du plus fort étant sans cesse renouvelés par un autre toujours plus fort et ce à l’infini….Nous voici dans l’esclavage du désir et de sa spirale infernale, et sur ce point là, je te l’accorde Tchoumi, nous pouvons prendre conscience d’une dépendance terriblement humaine, trop humaine !<br /> Mais sur le fond de la question, non vraiment je ne cèderai pas, GK parle d’une forme inédite du politique, où la fameuse séparation des pouvoirs si chère à Montesquieu, n’est inscrite que dans la Constitution, dans les grandes théories mais complètement galvaudée, bafouée par nos têtes pensantes. <br /> Le politique doit être fondé sur la satisfaction de l’intérêt général qui n’est pas la somme des intérêts particuliers des citoyens mais le résultat des « plus » et des moins » qui s’entrecroisent et convergent vers la satisfaction d’un objectif commun. Chacun désire pouvoir persévérer dans son être de la meilleure façon qui soit, la plus harmonieuse et la plus heureuse. Le tout est donc de trouver pour nos représentants le meilleur compromis ou le moins pire dirons –nous, pour parvenir à cette fin. La tâche est ardue certes, mais elle est à l’image de notre nature humaine : séduisante et belle mais terriblement complexe !<br /> Au fond, nous pouvons nous interroger pour savoir si la vertu politique ne se retrouverait pas à la croisée des chemins d’une certaine « vita activa » et « vita contemplativa » : productrice (techné) mais aussi créatrice (poiesis) d’un certain vivre ensemble compris et entendu comme étant « acceptable » pour tous.
G
Voilà une belle illustration de ces passions tristes qui corrompent la joie d'exister.
T
Quelques formes qu’ils prennent, tous nos désirs sociaux ne tendent qu’à mettre fin à notre solitude. Or le désir est insatiable, sans désir en effet le temps s’étiole, toute chose devient insipide, et la vie se flétrit : c’est l’ennui qui représente la solitude absolue. On peut trouver certainement sans se tromper dans cette réflexion, outre le gout du pouvoir et le désir de défendre des valeurs, une des motivations qui poussent les hommes politiques à se représenter devant le suffrage des électeurs .Mais aucun désir de notoriété, de reconnaissance ou d’admiration, ne peut jamais être assouvi. Aucun succès électoral ne peut apaiser l’inquiétude de perdre sa célébrité, car ce succès est par nature ponctuel.et éphémère. La personne, je n’oserai pas dire le personnage, se condamne à désirer sans répit d’autres marques de reconnaissances et gaspille ainsi sa vie. Ce n’est pas la politique qui déclenche le désir mais le désir qui constitue la politique comme désirable Cet homme peut réussir dans la vie politique (mais à quel prix parfois) mais ne pas réussir sa vie N’est-ce pas le cas aujourd’hui de certaines vedettes des médias ou de certains hommes politiques ? Le public qui les couronne aujourd’hui peut les rejeter demain. Elles vivent en permanence dans la crainte, peut-être inconsciente, d’être éclipsées par des rivaux plus jeunes qui risquent d’être plus médiatiques, de ne plus exister et de disparaitre à jamais dans l’ombre de la réalité des choses , peut-être inconsciemment face au réel absolu : la mort .Ils la vivront certes ,comme tout à chacun ,mais ils ne la connaitrons pas réellement , puisque à la seconde ou l’être n’est plus la conscience disparait . Paradoxe du réel absolu…<br /> Cette attirance du désir d’être sans cesse reconnu peut devenir le moteur de leur existence et représenter un esclavage, une entrave certaine à leur liberté .Liberté d’agir, liberté d’action, liberté de faire, liberté de décision du pouvoir, alors que la vraie liberté est la liberté d’être.Illusion ,illusion Dans ce cas de figure, nous ne sommes pas dans l’ordre des désirs matériels, mais la finalité est la même : Fuir devant la réalité, se perdre dans le tourbillon du désir de reconnaissance sociale pour oublier finalement sa propre finitude. « Je est un autre » disait Rimbaud .La représentation quotidienne de leur image est un leurre de l’ordre du paraitre. , mais certainement pas du je, ni du moi . Mais on-t-ils le temps de s’interroger sur le qui suis-je ? <br /> Or, c’est cet autre qu’il est intéressant de découvrir, c’est le sens du qui suis-je et non pas du que suis-je .
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